lundi 7 septembre 2009

Ce jour-là, Charreria


Non, ce n’est pas le futur simple du verbe « tcharer » à la troisième personne du singulier, tel qu’une grammaire illusoire pourrait nous le faire entendre place de la Daurade. Mais si l’on devait garder une bribe de l’illusion, ce serait probablement la dernière. Car singulière, cette tradition sait l’être aux yeux des non-initiés. Nous avons bien quelques arènes, quelques haras au coin des près, mais ici, le rapport aux bovins et équins, est, comment dire… plus engagé. Parés de traditionnels costumes, voire du charro des mariachis, les cow-boys locaux se font appeler « vaqueros », meneurs de vaches.


Et Ciel, qu’ils les mènent ! Hagardes cornues, qui dès leur sortie mouvementée du toril, se voient poursuivies au grand galop par un cavalier aussi adroit que sa puissante monture est à l’écoute. L’olibrius dispose de quatre vingtaines de mètres pour se saisir de la fuyante par la queue, la déséquilibrer d’une « prise de talon » plutôt habile, et lui faire mordre la poussière pour aller freiner sa rosse auprès des balustrades. Et Saint-Sernin, premier évêque de Toulouse, de tenir sa revanche, ayant été traîné rue éponyme par le soc d'un Taur en furie.


Le tout a duré une poignée de secondes. S’ensuivent divers tours opérés par les acteurs, qui d’un fouetté de lasso interpellent le trépidant solipède, sauvageon de nature, qu’un rodéo du Diable n’avait pas fatigué. On l’aura compris, ici les bêtes à cornes et à sabots s’adonnent malgré elles à la culbute. Mais le cheval est également l’acolyte du vaquero.


Il anticipe chacun de ses gestes, le mène au devant de la scène, devine ses intentions, et permet finalement le grand concert d’adresse et de dextérité que ces gauchos mexicains donnent ici à une foule d’aficionados attentifs.


Dans les gradins prédominent les Stetsons, du Texas venus, aux bords souvent relevés à la James Dean. Les sombreros ne sont pas en reste.


On aperçoit çà et là de dentelées coiffes de dames, quand elles ne sont pas dissimulées par un Panama estival, ou une contemporaine casquette – Je vous laisse deviner ce qui donc, si nous n’y remédiâmes, il y put manquer–. Et chacun s'attache à apporter sa part à la convivialité ambiante, y allant non mollement de son "YIHAA" typique, trinquant et dévorant nombre chips au piment, crécellant l'air de tourniquets bruyants, ou saisissant la liesse au vol pour discourir un peu.


Un oncle nous offre une bouteille de sa téquila propre, venue dans son seau avec sa glace. Je trinque à une génisse qui marche dans un nœud coulant, arrivé là par pur calcul. Sinon de l’art, l'expression d'un talent. Un savoir-faire à transmettre, pour que dure le spectacle.


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